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GALAXY

Dorénavant, un seul clic permet de voyager à travers le globe : des webcams placées à divers endroits permettent cette déambulation immobile. «Galaxy» est au départ le nom d’un bar à l’enseigne tapageuse visible sous la lentille attentive de l’une de ces nombreuses webcams. Le projet se compose d’une grande pièce en verre brisé et d’un ensemble de plusieurs écrans, sur lesquels sont diffusés des extraits vidéo provenants de cette webcam live installée dans une rue passante à l’autre bout du monde, consultable 24h/24 et gratuitement sur Internet.

Après une captation le temps d’une nuit via l’écran d’ordinateur, puis de la diffusion fragmentée de ces enregistrements, il parvient alors aux yeux du spectateur des interactions d’anonymes mis hors-contexte, qui prennent soudainement une dimension presque documentaire. Des rapports supposés de séduction, d’amitié, de haine ou de violence, nous parviennent comme un nouveau monde nocturne contracté, prêt à être décrypté.

Dans un second temps, certaines scènes de ces enregistrements ont été isolées puis intégrées à des miroirs (verres gravés et encrés au revers) prenant la forme de micros-récits. Jouant d’une mise en abyme qui dédouble l’espace de réception de ces images, Galaxy place alors le spectateur non plus devant, mais de l’autre côté de l’écran, tout en nous signalant la fragilité et l’ambiguïté du rapport au monde que nous offre ces nouveaux outils numériques basés sur des échanges à sens unique de regardeur (devenu voyeur) à observé.

Alors, c’est toute une ethnographie contemporaine qui se dessine, non plus témoignage extérieur mais images de l’intérieur, réflexives. Et il faut parfois, par un basculement qui nous échappe, que s’opère une dissociation, que l’on retourne l’écran de verre pour que soit restitué au moment son espace, son volume. Que l’on se voit voir. Le regard sort de son champ purement visuel, sollicite la mémoire, s’expose à notre acuité. L’image fugitive qui nous saisit a la violente netteté d’une prise de conscience : on la réalise, on la déploie.

Et c’est ce déploiement de l’expérience dans ce décollement que l’on appelle image, comme le langage, symptôme d’une immensité discrète.

 

Lenny Rébéré - 2019

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